Escales aux Açores

Publié le par Alexandra et Etienne

Du vert, enfin du vert... Nous sentions pendant la traversée que l'air fraichissait grandement, nous avons effectivement perdu l'étouffante chaleur des caraïbes pur gagner en paysages verdoyants et s'acclimater à enfiler des couches de vêtements. Pour les chaussettes et les chaussures, c'est beaucoup moins agréable, nos petits pieds si souvent nus ont pris de l'ampleur, notre curiosité toujours grandissante nous pousse à beaucoup marcher et toute sorte d'ampoules et d'échauffements apparaissent.
Hormis ces petits maux, nous découvrons quelques unes des neufs îles des Açores, plantées là au milieu de l'Atlantique. C'est donc vert parce que très arrosées, des découpes étranges avec de belles falaises parce que volcaniques, c'est également bleu parce que des hortensias bordent jardins, routes, prés, champs, murets..., on y trouve des lacs, des cascades, des cratères, des piscines naturelles (eau de mer entrant dans des formations de lave), on y observe aussi beaucoup de cétacés et l'on rencontre des navigateurs de tous horizons ainsi que des portugais attachants, acceuillants, serviables et qui jouent du Fado.
FLORES, L'ENCHANTERESSE

4 jours à Flores et nous voilà aussi fatigués qu'à notre arrivée, mais qu'est-ce-que c'était bien !
Resto midis et soirs particulièrement chez Paula qui acceuille tous les nouveaux arrivants par mer, ambiance garantie lorsqu'on met ensemble 4 loustics d'un drakkar, en mer depuis 5 semaines dans des conditions plutôt précaires, un couple de bordelais accompagné par 2 québécois et un canadien qui se fondent ou se meuvent à merveille dans le paysage, eux sortent des brouillards et du froid de Saint-Pierre et Miquelon, 2 "survoltées" en provenance de St-Martin qui débauchent tous les gars du village, seuleument...(!), 2 jeunes bretons qui finiront bientôt leurs études qui s'amusent à l'exercice de l'"homme à la mer" en plein quart de nuit (encore un qui ne voulait pas faire son quart tout seul !), un solitaire fraichement plaqué revenant des Bermudes, un couple de belges à particule, sur les flots depuis 12 ans dans des conditions à l'opposée de celles du drakkar, qui attendent leurs petits enfants accompagnés de leurs amis respectifs, un aventurier n'ayant plus toutes ses jambes qui tente des dédicaces lucratives sur ses 2 expéditions glaciaires de 3 et 4 ans avec son bateau, sa femme et son chat; tout ce monde mêlés aux natifs en quête de nouveautés ainsi qu'aux immigrants qui ne veulent pas s'avouer que le large résonne encore en eux et s'appliquent à vous vanter les merveilles de cette vie insulaire, de quoi attirer tous les sociologues !

Ici, notre annexe nous aura servi de monnaie d'échange avant son trépas (voir plus loin). En effet, pris en flagrant délit d'emprunt, Umberto, le patron du seul cargo au mouillage à Flores (un petit cargo assurant la liaison entre Flores et l'île d'en face Corvo), se confondant en excuse, nous propose en échange de nous faire visiter son île avec sa voiture. Rendez-vous est pris pour le lendemain matin (l'après midi, il doit être rentré car c'est jour de match pour le Portugal). Dix minutes plus tard, un chauffeur de taxis à la retraite nous embarque dans son pick-up nous contant les histoires de son île sur fond d'Hortensias. Il nous parle du port, d'un couple de trafiquants de coke en prison à Sao Miguel depuis 3 ans et dont le bateau à double fond repose sur le quai, d'un jeune retrouvé mort couvert de bleus sur son bateau au large de Flores ... mais pour la curiosité géologique qu'il mettait tant de coeur à nous faire découvrir, il n'est parvenu qu'à nous faire entrer dans les nuages, qu'Etienne, transi à l'arrière du pick-up, a pu sentir s'engouffrer au travers de ses vètements... C'est donc le lendemain matin, sous un ciel bien plus clément qu'Umberto nous a promenés le long des routes de son île.

Dimanche, le bouche à oreille déplace une bonne partie des équipages vers Fazenda, un village voisin, à l'occasion de la fête de l'Espirito Santo. Ancienne tradition permettant aux plus démunis de manger un peu de viande, qui se perpétue tous les dimanches dans un village différent et accueille désormais tous les villageois et autres gens de passage au courant. Nous avons eu la chance de tomber sur la soupe de peixe, qui n'a lieu qu'une fois par an. Les pécheurs donnent toutes sortes de poissons, le couvert est dressé pour une centaine de personnes dans une chapelle (il y aura au moins 3 services) et en avant pour les bouillon servi avec du pain agrémenté d'une sauce divine à l'ail, viennent ensuite des plats garnis de poissons tous différents avec pommes de terre, vin, etc ...

Nous aurions pu manquer cet instant de convivialité, la veille au soir, notre annexe n'émergeait de l'eau par un seul boudin, l'autre éventré et rempli d'eau avait entraîné feu notre moteur dans les profondeurs. Il est enfin parvenu à nous lâcher ! Mais nous sommes désormais contraints de trouver des ports ou de dépendre d'annexes bien chaloupées ...
C'est avec un petit quelque chose dans le coeur que nous avons quitté Flores car les rencontres, l'accueil et l'ambiance, la beauté des paysages ... ne nous ont pas laissé indifférents.

A HORTA, TU VEILLERAS

Sur l'île de Faïal, enfin de l'eau courante, de l'électricité, une douche chaude, des machines à laver, un grand supermarché... Même si nous sommes quatre à couple, nous enjambons. Comprenne qui pourra !
Ici, c'est nous qui prenons les autostoppeurs à bout de souffle pour monter jusqu'à la Caldeira, cratère de 400 mètres de profondeur, 2 km de diamètre.
Ici, c'est encore nous qui écumons les restaurants mais nous invitons à bord les 5 de Guanyin qui nous font part de leurs parcours et que nous espérons revoir sur les mers ou sur les terres.
Ici, c'est nous qui veillons jusqu'à pas d'heure avec des bretons et un certain québécois.
Mais ici, c'est Etienne qui fait une gravure rupestre ! Bravo l'artiste. Une fois terminé, on trouve ça simple. Il a fallu 2 jours tout de même.
Ici, on rencontre le célèbre Père Jaouen avec ses bateaux, le Rara Avis ainsi que le Bel Espoir.
Ici, on se confronte au Portugal et on assiste à la finale contre les italiens (qui, eux, savent ramener du poisson frais tous les jours sur leur voilier !)
Ici, on a une vue extraordinaire sur Pico, point culminant du Portugal.

TERCEIRA ET SES TOURADAS A CORDA

A peine amarrés au ponton de la marina de Angra Do Heroismo, David et Jonathan (c'est pas une blague, mais ceux-là sont canadiens) sur Guanyin nous interpellent. "Ils sont dingues ici, ils lâchent le taureau, ça se passe dans la rue, ce soir, Boa Hora à Terrà Cha, 18h30 !" On ne les y a pas vu mais nous avons assisté à cet affrontement de la foule avec le taureau en compagnie d'équipages de 3 autres bateaux français et un quatrième belge (il s'agit de Bellegaffe que Claude a rencontré au Cap Vert).

 

Une semaine s'est écoulée, nous avons arpenté les ruelles de la ville classée "Patrimoine historique de l'humanité" par l'UNESCO, avec ses cathédrales, ses maisons colorées avec balcons en fer forgé sous un climat des plus agréable.

 

Nous avons exploré également les entrailles de la terre, des grottes, des gouffres que l'activité volcanique a laissé en mémoire. Une fois seuls dans ce boyau où l'on ne voit plus rien, il n'y a pas un bruit pourtant la mer frappe à son ouverture, notre appréhension du départ disparaît, on observe des coulées de lave, des paillettes dorées, argentées, l'humidité perle sur de mini stalactites...

 

Pour l'heure, il est temps de vous quitter car nous appareillons très bientôt pour la dernière partie de cette traversée retour. Rendez-vous 1300 nautiques plus loin à Port Médoc. Si les vents y consentent, cela va de soi. En cadeau des images de la tourada de Boa Hora (Jean-Marie en a fait 2 autres en solo, est rentré à pas d'heures, mais n'a pas rapporté d'images!)

Publié dans Escales

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
F
Ayo!Dis-donc Tinou, trop cool ce nouveau look, je trouve que la casquette te va très bien... mais je savais pas que tu savais aussi chanter !Nous rentrons de Corse aujourd'hui, vacances nature et famille qui ont un sacré goût de "revenez-y". On a mis la Pietra au frais, ne tardez pas trop, ça se boit vite !BisousMarie/Nico & coPS : On en profite pour embrasser publiquement Caro, Seb, Cédric (+++ de la part d'Emma...), les lotois du moment et les Perot de Biarritz
Répondre
C
Bien, il parait que vous êtes toujours en panne de vent... mais bon, vu votre récit ça vaut le coup!!<br /> merci (une fois de plus!) pour le recit, les films et le rêve!!!!<br />  <br />  
Répondre