Retour de la dernière tempête tropicale Delta
Dimanche 27 novembre, 21 h : départ de nuit de Puerto Calero (Lanzarote) pour Santa Cruz (Tenerife)
Lundi 28, midi, on n'a vraiment pas de bol avec la météo. RFI annonce un avis de coup de vent, fort coup de vent et tempête sur plusieurs zones de l´Atlantique dont Canarias, ce qui signifie des vents de force 8 à 10. On est à la gite depuis ce matin, au prés serré et en ce moment, il y a 30 noeuds. Nous envisageons donc de nous réfugier à Gran Canaria.
19H40, après de multiples tergiversations, nous avons rebroussé chemin au moteur pour rejoindre le port de Las Palmas au nord est de Gran Canaria. Je sens Etienne extrêmement tendu à l'approche de la pointe qu'il faut contourner. Le vent est très violent et la mer ne nous fait pas de cadeaux, il ne sait pas à quelle sauce nous allons être mangé passé ce cap. Un MAYDAY vient d'être passé, une française complètement affolée annonce qu'elle a besoin d'assistance. Elle ne parle pas espagnol, et n'arrivera jamais à donner sa position exacte mais je comprends que nous sommes dans la même zone. Malheureusement, la douane puis les secours nous confondent manifestement avec ce bateau en perdition puisque lorsqu'elle lance son ultime message d'appel à la rescousse la radio du port tente de la tranquiliser en lui annonçant qu'elle doit apercevoir les feux des secours mais c'est sur nous que ces feux se dirigent. Nous serons escortés ainsi pendant plus d'une heure dans une mer démontée où Jean-Marie tient la barre tant bien que mal .L'arrivée au port est spectaculaire, avec des cargos à qui nous laissons la priorité évidemment, l'entrée de la marina est étroite et perdue dans un port de commerce impressionnant avec des feux partout, deviner quels sont ceux que nous cherchons n'est pas une mince affaire et une fois rentré, le port est bondé. Après plusieurs ronds dans l'eau à 22h30, un homme nous fait signe sur un ponton. Nous accostons et sommes surpris du vent chaud qui souffle très fort balayant nos yeux de sable. Nous sommes déçus de ne pas être à Ténérife, je suis encore choquée par les messages de détresse entendus à la VHF et auxquels j'ai assisté impuissante mais nous sommes soulagés d'être à l'abri. Pour aller grignoter en ville et passer un coup de fil à Angèle, nous arrivons au bout du ponton et surprise : il s'est détaché de la terre ! L'allemand qui nous avait fait signe nous explique que c'est la tempête de cet après-midi qui a fait ça. On accumule la scoumoune : le port est immense et nous sommes sur le seul ponton détaché, donc pas d'eau, pas d'électricité. On se débrouille quand même pour passer, on trouve un resto qui ferme et a pitié de nous (nos allures de vagabonds sûrement), toujours les quiproquos avec l'espagnol d'Etienne qui demande du fromage de chèvre mais c'est de la viande qui arrive sur le comptoir (comme ici ils mangent les biquettes ...) au retour la passerelle d'accés au port est fermée, nous ferons un énorme détour pour trouver une passe puis Jean-Marie a fait la grenouille pour rentrer dans une petite barque empruntée pour accéder à notre ponton, sa tête posée sur mes genoux, nous avons bien ri. En fait notre ponton est privé donc la capitainerie ne veut pas nous donner les clefs des douches, l'avantage c'est que nous n'avons rien à payer.
Mardi 29, toujours trop de vent. Nous sommes heureux d'accueillir à bord Simon (fils de Francine, cousin d'Etienne) qui s'entraîne ici depuis 1 semaine pour ses futures compétitions de voile. Il nous dit que c'est la seule journée où il fait frais comme ça. Ah ! scoumoune, quand tu nous tiens ! et là, les 2 machines que j'ai mis en route à la laverie sont en panne en cours de lavage...
Nous aimerions partir demain mercredi 30 pour Ténérife mais on ne répond plus de rien maintenant, alors... PEUT-ETRE à demain soir ma petite Lili !